De tout temps, les gens de Corseaux ont fourni légumes et fruits aux commerçants et aux clients des marchés régionaux. Les choux-fleurs, les choux pointus, les cerises, les fraises « de Corseaux » étaient synonymes d’un produit d’excellente qualité. Dans les années 1940-1950, Mme Ninette Zahnd faisait même le marché 6 jours par semaine, à Vevey et à Montreux. Depuis Cornalles, la « belle jardinière » devait remonter au village pour prendre le chemin de Vevey. Il fallait parfois une carotte devant le museau du mulet pour le faire avancer !
En 1930, un syndicat se créa pour mettre en valeur le quartier de Chatacombaz. Des serres furent montées dans les exploitations de P. Pedretti, R. Ducret, Fr. Marti avant Urbain Jaquet, Baechtold, Heizmann et ses roseraies à…Roseville. Plus récemment, Henri Walter se spécialisa dans les orchidées au chemin de la Paix, Eric Volet, syndic, dans les légumes au chemin de la Maraîche en 1965 et Philippe Pasche dans la culture des fleurs au Grand-Pin 59 dès 1968.
L’Hôpital et la Bourse des Pauvres de Vevey possédaient 3 domaines viticoles à Chardonne, en Villard et aux Gonelles. Ce dernier de 3,41 ha est rattaché à la ferme de Chatacombaz, reconstruite en 1964 après un incendie partiel en 1952. Les raisins de ce beau domaine exploité par la famille Neyroud sont vinifiés sous les étiquettes « Ouz Bordel »1 , « Les Gonelles » ou « Eys Rueyres ». Au début du XXe siècle, les raisins de ces domaines étaient pressés dans la cossue maison des Gonelles. Celle-ci, acquise en 1792, fut utilisée à plusieurs reprises comme lazaret lors d’épidémies.
Mme Blanche Mouron-Pinget, qui a vécu à la ferme de Chatacombaz de 1906 à 1961 se souvient des dures journées de juin. Debout à 4 h. pour s’occuper des effeuilleuses, il fallait aussi faire les foins pour les 4 vaches, cueillir et préparer cerises, fraises et légumes pour aller 2 fois par semaine au marché où elle se rendait avec son petit char tiré à la main.Chapeau bas !
Sur un terrain appartenant à la Bourse des Pauvres depuis 1819, la Commune de Vevey fit aménager en 1867 le clos d’équarrissage officiel pour le district de Vevey et le cercle de St-Saphorin. L’équarisseur habitait la maison au sud du passage à niveau (Chanô 25). En-dessous, un bâtiment comprenait une écurie, une étable, une porcherie, des niches, une buanderie. Plus bas, dans un hangar équipé d’une poulie, l’équarisseur Pasteur dépeçait les animaux dont on trouve encore des ossements dans le pré voisin! Le quartier retentissait souvent d’appels désespérés des chiens perdus en attente. Un lion du Cirque Knie repose même dans ce clos! Pour 5 fr, on pouvait aussi placer son chien une semaine pour une cure d’amaigrissement. Mieux valait ne pas connaître le procédé cruel qui impliquait une utilisation particulière d’un tonneau! Avec le successeur Bron, dès le 24 octobre 1952, les animaux furent ensuite gardés au Refuge de Gilamont à Vevey. La propriété du Chanô a été vendue en 1953 à la famille Alfred Volet.
En face du Lazaret au chemin de la Paix, un ancien et pittoresque puits, situé autrefois près de la route des Chenevières à Vevey, permet d’accéder au tunnel amenant l’eau du lac à la station de pompage du Service intercommunal des Eaux de Vevey et Montreux (SIGE), inaugurée en novembre 1971. Une conduite de 350 m. peut aspirer jusqu’à 20’000 l. par minute, pompée à 38 m. en-dessous du niveau du lac. Six bassins, longs de 15,5 m., assuraient la filtration mécanique. L’ozone, complété par un peu de chlore gazeux, achevait la désinfection de l’eau. Rendue ainsi potable, l’eau est refoulée vers une chambre de bifurcation située au sud de la gare du funiculaire. De là, elle part soit dans le réseau inférieur de Vevey, soit dans les 4 réservoirs de Corsier, d’une capacité de 9’600 m3. La station des Gonelles fournissait ces dernières années annuellement 1 à 2 millions de litres. En 2011, le procédé de filtration de l’eau potable a été modifié, en raison du changement de la composition de l’eau du lac et des progrès dans ce domaine. Vous pouvez consulter le site « www.sige.ch ».
B. Sauvageat
1 Ce qui signifie « Au bord de l’eau »
2 En 2011, le procédé de filtration de l’eau potable a été modifié, en raison du changement de la composition de l’eau du Lac et des progrès dans ce domaine.
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