A la rue du Village 30, se trouvait le Café de la Treille, chez Chavan, avec la voûte à l’entrée, encore visible aujourd’hui.
Vers 1930, Corseaux comptait quelques grandes propriétés dont celles des de Meuron, Dubochet, Borlat en Plattex, Félix Cornu (Riant-Port et domaine du Centenaire qui montait jusque près de la rue Félix Cornu).
En 1705 les bâtiments rue du Village 35 et 37 appartenaient à Mme de Diesbach, veuve de Ferdinand, et en 1835 à Jeanne Grenier. En 1875, ils passent par succession à sa petite-fille Jeanne, fille de Jean-Louis de Charrière et femme de Georges de Meuron. La ferme à l’ouest avec 2 pressoirs, louée par une famille Chappuis, fut démolie en 1935.
Hugues Cuénod, le célèbre ténor, est né au no 39, le 26 juin 1902. Il étudia pendant 4 ans la musique, le piano, l’orgue, le solfège et le chant à l’Institut de Ribeaupierre à Vevey. « Comme il fallait moins travailler » avouait-il en riant, il perfectionna le chant à Vienne, à Bâle et avec Nadia Boulanger à Paris. Grand, spirituel, comédien, avec une aisance toute britannique (ses 2 grands-mères étaient anglaises), il brilla dans les opérettes, les récitals mais aussi dans certains opéras de Monteverdi à Stravinski, en passant par Brecht. Il interpréta nombre de rôles, souvent comiques, sur les grandes scènes lyriques du monde entier. Sa mémoire de la musique et des évènements était prodigieuse. A 85 ans, il se produisit encore au Metropolitan Opera de New-York et à 92 ans au Théâtre du Jorat. Lors de son centenaire fêté au Théâtre de Vevey, il chanta, devisa, badina encore car « toute sa vie, il a aimé s’amuser ». Il mourut le 6 décembre 2010 à Vevey, à plus de 108 ans! Chapeau l’artiste!
Son grand-père fut le fondateur de la Banque Cuénod, reprise par William puis Frank Cuénod, le père de Hugues, enfin par l’UBS. Après le décès de son épouse, ce grand-père épousa la sœur de celle-ci, d’origine anglaise. L’autre grand-père, Paul de Meuron (1851-1924), syndic de 1889 à 1913, avait comme filles Alice, femme de Edmond van Muyden et Gabrielle, épouse de Frank Cuénod, père de Hugues .La famille de Meuron comptait 4 frères et une soeur. Avant 1914, la propriété appartenait à 2 frères de Meuron : Paul et Aloïs, futur conseiller national. A cette date, Paul reprit la maison. Les terrains qui s’étendaient jusqu’à la voie CFF restèrent la propriété des 2 frères et de leurs enfants, soit Aloïs Madeleine et Antoinette, femme de Pierre Bridel. Une grande allée de cerisiers et des beaux noyers ornaient la propriété. Un des noyers fut même présenté à l’exposition de Milan (Carlo Brunet dixit). Une 1ère parcelle fut vendue à la famille Baumann vers 1930.
Vers 1942, Alice van Muyden vendit la maison avec le jardin et une vigne plus en amont pour 80’000 fr! Hugues Cuénod l’apprit à Berne où le nouveau propriétaire se vantait d’avoir acheté une belle maison, à savoir » La Résidence », une appellation que notre chanteur et sa sœur détestaient.
Au Conseil général, on se plaignit en 1948 que la Résidence ne soit pas habitée quelque 49 semaines par an. Parmi les propriétaires suivants, citons les familles de Lalène, puis Jean-Jacques Savary.
Au no 37, vendu à part, les propriétaires successifs sont une demoiselle anglaise (du nom de Hamilton?), les sœurs Bercher et enfin l’ancien syndic Georges Charotton, qui réhabilita un bâtiment tout dégradé.
B. Sauvageat
PS: J’ai terminé la rédaction de ce texte le 6 décembre 2010. Coïncidence troublante: le lendemain le journal 24Heures publiait l’avis mortuaire de M. Hugues Cuénod…
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