Riant-Port, le Centenaire, Félix Cornu

Date
 22 mars 2017
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Au bord du lac, route de Lavaux 29, se trouve la propriété de Riant-Port, mise en valeur par le chimiste Félix Cornu (voir ci-dessous). En 1705, elle appartenait au colonel Mestrezat. Sa famille la conserva environ 150 ans. En 1895, comme l’indique une date sur une belle fontaine, Félix Cornu acquit un vaste domaine s’étendant sur 200 m. le long du lac et 450 m. depuis l’Oasis jusqu’à 50 m. plus haut que le passage à niveau de Cornalles. En 1903, il fit construire la ferme du Centenaire rappelant 1803 et l’entrée du canton de Vaud dans la Confédération. C’est un vaste domaine hérité par Mme et M. Julien Cornu qui vendront une parcelle à l’architecte le Corbusier pour construire sa « petite maison » pour ses parents où vivront sa mère jusqu’à plus de 100 ans et son frère Albert. Un fils de Julien, Félix, reprit le domaine de 550 ares, cultiva la vigne et des arbres fruitiers et tint du bétail quelques années. En 1903, trois vignerons encavèrent 11’440 l. de moût. Peu à peu, des parcelles furent vendues pour construire des locatifs à la route de la Crottaz et au chemin du Centenaire. Dans la vaste cave, du fils de Félix, William, l’Association Vinicole entreposa une partie de son vin au tournant du siècle. Des appartements furent aménagés dans la ferme.

La belle bâtisse de Riant-Port fut héritée par le neveu Adolphe Cornu, fils d’un professeur d’université renommé pour ses recherches sur les langues romanes et leurs patois. Vers les années 1930, l’ingénieur Adolphe Cornu dirigea les travaux de construction de la route des Jordils et l’élargissement de la route Félix Cornu. Le terrain fut vendu pour construire plusieurs villas. Son fils Félix vendit la propriété en 1970 à M. Seiler. Après rénovation, l’entreprise Uldry y installera des bureaux. Le séquoia, un des 12 amenés par le chimiste Cornu sur la Riviéra, fut abattu en 2005.

Félix Cornu (1841-1920) est natif et bourgeois de Villars-Mendraz. Il travaille d’abord chez Müller-Pack. En 1860, il entre dans l’entreprise Geigy-Mérian. En hiver 1862-63, D. Siegrist et F. Cornu découvrent que l’aniline bleu-roux se rapproche fortement du bleu quand on emploie une certaine proportion d’acide acétique. Son intelligence pratique reconnue de tous lui accorde le mérite d’avoir mis au point le bleu aniline. Ce procédé remplace l’ancienne méthode avec l’aniline naturelle tirée de l’indigotier. La houille devient alors la principale matière employée dans l’industrie des matières colorantes synthétiques. Avec Müller sont également mis au point le violet aniline et le vert aniline.

En 1869, à 28 ans, il est l’un des 3 administrateurs de l’entreprise Geigy (avec J.-R. Geigy et A. Mylius) qui deviendra plus tard la firme mondialement connue Ciba-Geigy puis Novartis.

En 1867, on lit dans « Le Moniteur scientifique », publié à Paris: « Cette maison Geigy est une de celles qui exploitent les couleurs d’aniline sur la plus grande échelle industrielle. C’est ce que nous appelons la perfection industrielle ».

F. Cornu fut membre du Grand Conseil bâlois de 1881 à 1893. En 1888, avec Klay, il installa en Russie la première succursale de l’industrie bâloise. Il fut également un des créateurs et des donateurs de la caisse de pensions.

En 1897, il vint habiter définitivement la propriété de Riant-Port au bord du lac à Corseaux. Il embellit cette belle bâtisse; il fit venir 12 welllingtonias de Californie (dont celui au chemin du Grand Pin). Il fit construire la ferme du Centenaire en 1903 sur un domaine à proximité s’étendant sur 450 m. de longueur.

Il participa à la vie politique et scolaire, versa plusieurs dons, dont le plus important de 24’000 Fr. pour la construction du nouveau collège. Il constitua divers fonds pour subventionner des caisses de retraite, le matériel scolaire, les courses, les prix. Au Collège, une inscription rappelle les mérites de cette grande personnalité, élevée au rang de Bourgeois d’honneur. La grande avenue porte son nom.

B. Sauvageat

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